Paracha Béréchith – Le secret de l’excellence

 

 

 

Dans Béréchith nous trouvons le verset suivant : «Vayare Elokim eth kol acher assa, ve hiné tov méod», ce qui signifie : «Et D.ieu vit tout ce qu’Il avait réalisé, et voilà que tout est très bon.»

Sur ce verset, le Midrach explique que l’expression «hiné tov méod» représente l’ange de la vie et que le vav ajouté, qui se dit vé (qui signifie ‘‘et’’ en français) placé avant hiné est une allusion à l’ange de la mort (mala’h hamaveth), ou du mauvais penchant (yetser hara).

Le premier commentaire sur ce Midrach est que la vraie dimension du Bien ne peut exister que lorsque le Mal existe. Un autre commentaire explique que le mal, ou notre mauvais penchant, s’il est contrôlé, utilisé dans une petite mesure, pourra même donner plus de force au Bien, servir le Bien.

Le commentaire du Maguid de Douvna, sur ce verset est tout à fait passionnant. Il explique que le Bien, c’est ce qui est bon (tov). Et que le très bon (tov méod), c’est la définition du Mal. Autrement dit, le très bien serait l’ennemi du Bien.

Et nos Sages nous donnent une parabole pour nous aider à comprendre cette idée qui peut paraître paradoxale et complexe, parabole qui a été d’ailleurs reprise et adaptée par Jean de Lafontaine dans ses fables («La laitière et le pot au lait») et par de nombreux dictons populaires.

Le mieux est l’ennemi du bien

Une paysanne, totalement démunie, avait à peine de quoi manger. Elle trouve un œuf, se tourne vers ses enfants et leur dit :

«Pour bien faire, il ne faut pas que l’on mange cet œuf tout de suite, on va le donner à quelqu’un qui a une couveuse. On va le mettre à couver et ensuite, il donnera un poussin. Mais pour bien faire, il ne faudra pas manger ce poussin.
Nous allons attendre qu’il grandisse et qu’il devienne une poule qui pondra des œufs. Lorsque les œufs seront pondus, pour bien faire, il ne faudra pas les consommer. 

Il faudra attendre qu’après avoir été couvés, ces œufs donnent naissance à des poules, qui elles-mêmes donneront naissance à des œufs. Lorsqu’on aura suffisamment de poules et d’œufs, pour bien faire, il ne faudra pas les manger tout de suite, il faudra les vendre et acheter un veau, qui deviendra plus tard une vache ; il ne faudra pas la manger tout de suite, il faudra attendre un petit peu. Il faudra attendre qu’elle donne des petits et, pour bien faire, il faudra attendre que ces petits grandissent, deviennent des vaches.

Lorsqu’on aura un troupeau de ces bêtes, pour bien faire, il faudra attendre que ces petits grandissent, donnent aussi des vaches. Nous aurons alors un troupeau très important et, pour bien faire, il faudra en vendre une partie et en manger une autre.»

Tout ce que disait la paysanne, c’était pour bien faire. Mais avant qu’elle ait eut le temps de terminer cette longue phrase, l’œuf tombe et se casse. Nos sages, par cette parabole, nous démontrent que, la plupart du temps, vouloir trop bien faire, vouloir le trop bien, c’est finalement laisser passer l’occasion de faire le Bien.

Cela ne veut pas dire qu’il faut se contenter de la médiocrité. Au contraire, il faut viser haut.

Mais la préoccupation première doit être de faire le Bien et ainsi, on accèdera au très bien. Par ce vav ajouté, D.ieu nous livre le secret de l’excellence : chercher d’abord le Bien dans sa simplicité avant de chercher le très bien, dont la hauteur va nous paralyser. 

Ainsi, on comprend profondément que le mieux est l’ennemi du bien. Le mieux est par définition ce qui va nous rapprocher du mauvais penchant ou du malah hamaveth, en nous paralysant de faire le Bien, en nous décourageant, en nous enlevant cette capacité de faire, tout simplement.

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