Paracha Bamidbar – L’eau, le feu et le désert

 

 

 

Faire sienne la Torah n’est pas chose facile. La paracha de cette semaine nous indique trois pistes grâce auxquelles nous allons y parvenir…

Cette semaine, nous commençons le livre de Bamidbar, qui raconte l’exode des Bné-Israël dans le désert. La lecture de la première paracha de ce livre précède de peu la fête de Chavouoth. Bien entendu, ce n’est pas un hasard, et il faut en tirer un enseignement.

En quoi le désert peut-il être lié à la préparation de Chavouoth ?

Citons un Midrach (Bamidbar Rabba 1 ; 7) qui mentionne les trois éléments indispensables pour acquérir la Torah.

Bichlocha devarim niténa hatorah : la Torah fut donnée par l’intermédiaire de trois éléments : par le feu, par l’eau, et par le désert. Et le Midrach cite les circonstances du don de la Torah. Mais quelles significations ont pour nous ces trois éléments ?

Un feu qui brûle en l’homme

Le Sfath Emeth nous dit que le feu a pour particularité de tendre vers le haut. Il est allumé en bas et s’élève vers les hauteurs. A l’inverse, l’eau est un élément qui descend du haut vers le bas, du ciel vers la terre, comme la pluie. Autre particularité, l’eau ne reste jamais dans un endroit haut placé. Si elle n’est pas immobilisée, elle descend toujours vers l’endroit le plus bas, comme une rivière vers la mer.

Enfin le désert, est un élément statique, constitué de sable. C’est un lieu éloigné de toute matière, selon la définition de la Torah. Ici, trois enseignements. Pour acquérir la Torah, il faut posséder le feu.

Qu’est- ce que le feu ?

C’est l’enthousiasme, la joie (sim’ha), un éveil ici-bas. Cet enthousiasme a son point de départ sur terre, il naît en l’homme et va s’élever très haut, vers le Créateur. 

C’est l’enthousiasme de l’homme vers D.ieu, du bas vers le haut. Indispensable, cet élan ne suffit pas toujours à s’élever. Il lui faut une aide du Ciel. Cette aide de D.ieu est représentée par l’eau. Elle sera uniquement accordée en réponse à l’enthousiasme de l’homme.

Contrairement à une certaine réalité physique, l’eau et le feu ne sont pas antinomiques dans le monde spirituel. Rachi le signale dans son commentaire sur le mot ‘ciel’ (chamayim) dans un verset de Béréchith (1 ; 8) : «Chamayim : ech ou mayim, feu et eau»

Mais il faut que certaines conditions soient réunies pour que l’eau descende vers l’homme. La Guémara explique que l’eau peut se déverser uniquement vers celui qui n’est pas orgueilleux. C’est seulement vers celui qui a conscience de sa condition et de ses lacunes que l’eau pourra se répandre.

Comme on le sait, cette eau ne restera pas au point culminant, mais descendra vers le point le plus bas. On peut vérifier cet axiome par un personnage et par un lieu, Moïse et le Mont Sinaï.

Moïse, qui reçut la Torah, « était l’homme le plus humble de tous les hommes » (Bamidbar 12 ; 3)  et le Mont Sinaï était la plus petite des montagnes.

L’homme doit donc être enthousiaste, mais ce feu intérieur ne doit pas se conjuguer avec l’orgueil. Plus on est humble, plus D.ieu nous enverra son aide.

La troisième condition sine qua non pour recevoir la Torah : prendre de la distance avec la matière.

Cette distance, ce décalage, c’est le symbole du désert. Et c’est également le symbole du Chabbath qui, selon toutes les opinions, fut le jour où la Torah fut donnée. Chabbath est le symbole d’un certain éloignement avec le matériel, avec la vie technique.

C’est donc par un éveil ici-bas, appelé par nos Sages hitaarouta diltéta, que l’on peut recevoir la Torah. Mais sans une aide du Ciel (siyata dichmaya), on ne peut avoir accès à ce don de D.ieu.

Cette aide, comparée à l’eau, qui descend du haut vers le bas, implique forcément l’humilité chez l’homme : la conscience de sa place face à l’immensité du Créateur. La dernière condition requise nous est indiquée, comme on l’a vu, par le symbole du désert (midbar). Le sable (‘hol) ne laisse pas de place à la matière.

Pour revenir littéralement à notre paracha (Bamidbar), le midbar représente la capacité de se défaire de tout ce qui fait écran entre nous et D.ieu : c’est se séparer du matériel. C’est uniquement par ces trois éléments que la Torah fut donnée jadis et ils sont pour nous une source certaine d’enseignements pour se préparer au jour de Chavouoth.

Mais Chavouoth ne se vit pas seulement le 6 sivan, et c’est au quotidien que l’on peut recevoir la Torah. Il est écrit dans le paragraphe du chéma : hayom (aujourd’hui). Chaque jour, celui qui décide de découvrir une valeur supplémentaire, d’accomplir une nouvelle mitsva, ou encore d’acquérir une nouvelle part de la Torah, a la possibilité de le faire.

Et c’est certainement en travaillant sur ces trois points, évoqués par les trois éléments que sont le feu, l’eau et le désert, que nous parviendrons au niveau des Bné-Israël au pied du Mont Sinaï, niveau qui fut celui d’Adam avant la faute.

 

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