Parachat Chéla’h Lé’ha – Voir la vie autrement

 

 

 Notre vision du monde a une implication active sur les événements.

C’est ce qu’ont malheureusement dû expérimenter les Bné-Israël dans le désert.

A nous de ne pas commettre les mêmes erreurs…

Dans la paracha de Chela’h Le’ha, il va être question de l’épisode tristement célèbre des explorateurs (méraguélim). Les explorateurs ont en effet prononcé des paroles diffamatoires et dénigrantes à propos de la terre d’Israël et ont provoqué des pleurs illégitimes à leurs contemporains. Pour ces pleurs injustifiés, la génération du désert sera tout d’abord punie et n’entrera pas en Erets-Israël.

Pendant quarante ans, le temps que disparaissent les fauteurs, les Bné-Israël vivront dans le désert. Ensuite, il fut décrété qu’à jamais, c’est-à-dire jusqu’à la venue du Messie, l’anniversaire de ces pleurs, le 9 Av, serait une date de douleurs pour le peuple juif.

D’après le Maharal de Prague, si les Bné-Israël étaient entrés en Erets-Israël, autrement dit s’ils n’avaient pas commis la « faute des explorateurs », ils y seraient restés pour toujours, et n’auraient pas connu l’exil dans lequel ils furent plongés (Nétsa’h Israël chap. 8).

Des villes fortifiées, des géants et des morts

Aux vues de conséquences si lourdes, la question est donc de comprendre le caractère de gravité de la faute des explorateurs. D’autant que ces hommes sont appelés anachim (littéralement : hommes) dans le texte, terme qui désigne des hommes vertueux, choisis par D.ieu pour leurs qualités morales (cf. Tan’houma Chela’h Le’ha 4).

Pour répondre à ces questions, nous citerons le Midrach (idem 7), qui mentionne que les Bné-Israël ont considéré les miracles de D.ieu avec un regard accusateur. En effet, partout où ils allaient, ils interprétaient les événements avec méfiance et angoisse.

Tout d’abord, ils ont vu des villes très fortifiées. Ensuite, des hommes qui étaient des géants. Enfin, partout où ils allaient, dans chaque ville, on enterrait des morts.

On peut interpréter ces trois éléments de deux manières : positive ou négative.

Par les villes fortifiées, D.ieu aurait voulu que les explorateurs comprennent que le peuple qui y habitait était un peuple faible. Car lorsqu’on est fort, on n’a pas besoin de fortifier sa ville. Pourtant, lorsque les explorateurs reviennent au campement, ils décrivent au peuple que les habitants d’Israël sont des gens puissants, dont les villes sont imprenables. Comme si ces murailles étaient un signe de puissance.

D’autre part, lorsqu’ils virent des géants, le message qui devait être perçu était que cette terre d’Israël était profitable et bienfaisante. En effet, elle permettait aux hommes qui l’habitaient d’avoir une bonne composition physique et une bonne santé (Rachi Nombres 13 ; 18). Pourtant, ils dirent : « A leurs yeux (de ces géants, ndlr.), nous sommes comme de petites sauterelles ».

Enfin, lorsqu’ils virent des gens mourir dans chaque lieu qu’ils visitaient, D.ieu attendait d’eux qu’ils voient Sa main, qui manifestement, et de manière miraculeuse, leur permettait de passer incognito. En effet, D.ieu occupait tous les citoyens de ce pays par des deuils, qui faisaient diversion. Ainsi, ils ne cherchaient pas à savoir si les passants étaient des touristes ou des explorateurs, venus en repérage.

De leur côté, les Bné-Israël interprétèrent que cette terre était dangereuse et que le taux de mortalité y était plus élevé qu’ailleurs. On notera qu’à l’époque de Josué, lors de la conquête de la Terre d’Israël, Pin’has et Caleb ne bénéficièrent pas, quant à eux, d’une telle situation et, malgrè leurs déguisements et leurs subterfuges, furent démasqués (Josué 2 ; 1).

Sommes-nous des explorateurs ?

Nous pouvons faire jaillir une idée capitale de cet épisode : même lorsque D.ieu fait des miracles, il faut être capable de les voir. Si l’on regarde les choses positivement et avec optimisme, on fera des commentaires enthousiastes sur la vie et ses rebondissements, et cela aura une influence sur la manière de vivre les événements.

En revanche, lorsqu’on se conditionne à regarder les choses avec partialité et pessimisme, on peut être capable de méconnaître et de rester aveugle devant les manifestations divines les plus évidentes.

Si cette idée est vraie et incontestable dans notre relation avec D.ieu, elle est tout aussi avérée dans notre relation avec les autres. Pour obtenir l’harmonie et le bonheur, il faut être capable de se conditionner à regarder toujours tout ce qui nous entoure positivement.

Les larmes des explorateurs furent la cause des larmes, cette fois justifiées, de la destruction du premier et second Temple. Nous devons, encore aujourd’hui, nous demander si nous ne sommes pas nous-mêmes des explorateurs. Car, de la réparation de cette faute dépendra le bonheur du peuple juif sur sa terre, la reconstruction du Temple, et la venue du Messie, bimhéra beyaménou, Amen. 

 

 

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