Parachat Yitro – Deux fois gagnant!

 

«Et tu honoreras ton père et ta mère afin que tes jours s’allongent » (Exode 20 ; 12).

C’est bien connu, le respect des parents promet la longévité.

Un texte moins courant dans le Talmud (traité Péah 1;1) précise que cette récompense qui concerne ce monde-ci n’enlève rien à la récompense qui nous est réservée dans le monde futur.

«Keren kayémeth leolam haba» c’est l’expression des sages qui signifie: le capital (de cette mitsva) reste intact pour le futur. Le respect des parents amène donc une longue vie ici-bas et un mérite extraordinaire pour le monde futur (olam haba).

Nos sages racontent qu’une nuit, Rabbi Yéochoua ben Alam, un très grand sage, eut un rêve. On lui révélait sa place dans le monde futur et on lui disait : «Tu as droit à un immense bonheur, Rabbi Yéochoua, car tu vas siéger dans le monde futur à côté du boucher Nanasse. Vous allez résider ensemble à la même place dans le monde éternel…»

Le grand sage et Nanasse

Rabbi Yéochoua ben Alam se réveilla très surpris. Il faut savoir qu’il était la référence talmudique de l’époque et l’un des plus grands justes de sa génération. Depuis sa naissance, il se consacrait pleinement à l’étude de la Torah et à son enseignement. Il avait des centaines d’élèves et ne marchait jamais plus de deux mètres (quatre amoth) sans ses phylactères (tefilines) et son châle de prière (tsitsith).

Selon nos textes sacrés, la place que nous aurons dans l’Olam haba est fixée en fonction de notre comportement dans les domaines de l’étude de la Torah et du respect des commandements divins. Il était donc étonnant que le grand sage de la génération mérite la même place qu’un boucher inconnu de tous. Rabbi Yéochoua, qui cherchait constamment comment appliquer le mieux possible la volonté de D.ieu, voulait savoir quel était le mérite extraordinaire de ce mystérieux Nanasse.

Le lendemain, il ne put s’empêcher, avant de commencer son cours, de dire à ses élèves:

– Aujourd’hui il n’y aura pas d’étude, avant que je ne rencontre Nanasse, le boucher. Je veux savoir quels sont ses mérites, car il va être assis avec moi au Gan Éden (paradis).

Les 80 élèves présents à son cours décidèrent donc de partir à la recherche de ce fameux Nanasse… que personne ne connaissait !

Ainsi, enquêtant dans les rues, allant d’une ville à l’autre, tous les élèves le cherchèrent avec obstination. «Heureux sois-tu !» A chaque personne, ils questionnent, cherchent la trace de Nanasse le boucher.

Les gens de la ville, s’interrogent :

– Pourquoi ce grand sage d’Israël cherche-t-il à rencontrer un simple boucher ? Qu’a-t-il donc fait ? Que s’est-il passé ?

Lorsque les élèves trouvèrent enfin Nanasse, il était en train de couper et de préparer de la viande.

– Rabbi Yéochoua ben Alam voudrait vous rencontrer, lui dirent-ils.

– Quoi, répondit-il, interloqué. Rabbi Yéochoua !

Ce n’est pas possible, vous vous moquez de moi, laissez-moi donc. Quand les élèves revinrent pour raconter à Rabbi Yéochoua ce qui s’était passé, ce dernier répondit sans hésiter :

– S’il ne vient pas à moi, j’irais à lui. C’est en effet ce qu’il fit.

Quand il pénétra dans la boucherie, Nanasse s’exclama:

– Comment est-ce possible ! Un homme si important que vous, la couronne d’Israël. Pourquoi perdez-vous votre temps pour rendre visite à l’un de vos serviteurs…

Il était tremblant, et ne pouvait ajouter un seul mot.

– J’ai quelque chose à vous demander, dit Rabbi Yéochoua avec douceur.

– Quoi donc ?

– Racontez-moi, vous devez avoir de grands mérites. Quelles sont les mitsvoth que vous pratiquez.

– Vous savez, moi, j’ai un père et une mère qui sont très âgés. Ils ne peuvent absolument pas bouger, et chaque matin, je vais leur faire la toilette, les habiller, leur donner à manger. C’est tout, je ne vois rien d’autre. Rabbi Yéochoua l’embrassa, le serra dans ses bras, et lui dit :

– Oh mon cher ami, heureux sois-tu ! Quelle chance as-tu de pratiquer si bien ce commandement. Je comprends maintenant mon rêve.

Comme je suis heureux, car je sais maintenant comme il sera bon et agréable pour moi de siéger avec toi au jardin d’Éden. Ce commandement du respect des parents (mitsva de kiboud av vaem, qui figure dans les dix commandements), est accessible et proche de nous.

Chaque personne qui est venu au monde, a la possibilité de la pratiquer, et le devoir de l’accomplir.

A nous de jouer

C’est une mitsva qui peut octroyer d’immenses mérites et faire bénéficier son auteur d’une vie longue dans ce monde-ci, et qui permet également de pouvoir s’approcher des plus grands sages d’Israël, des plus grands justes de notre peuple, même dans le monde futur.

Au-delà du temps et des signes extérieurs de piété, il est donné à chacun de nous de faire une mitsva extraordinaire : incarner le meilleur de nous-mêmes en étant un bon fils ou une bonne fille.

Nous sommes tous nés de parents et nous avons donc tous l’occasion de réaliser cette mitsva capitale, qui est finalement une attitude spontanée.

En effet, quoi de plus naturel que de ressentir et d’exprimer de la reconnaissance pour nos parents qui nous ont aimé, soutenu, financé et épaulé durant toute notre enfance, et encore au temps où nous sommes devenus des adultes.

En outre, cette mitsva est accessible à tous dans la mesure ou l’on peut l’appliquer du vivant des parents, et même après leur départ pour le monde de la vérité, par la récitation du Kaddich ou par des actes de bienfaisances faits en leur noms et pour leur mérite.

Nous avons tous une mitsva extraordinaire à appliquer envers ceux qui nous ont donné la vie.
A nous de jouer…

 

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