Parachat Ekev – La plus belle surprise

 

 

 

Certaines mitsvoth semblent fondamentales, d’autres moins. Pourtant, comme bien souvent, il faut se méfier des apparences, car nul ne connaît les préférences de D.ieu…

«C’est en récompense d’avoir écouté, gardé et observé ces lois que D.ieu gardera l’alliance et l’amour par lesquels il fit serment à nos pères.»

Voilà le premier verset de la parachath Ekev. Ekev veut dire ‘en récompense de’, mais il y a d’autres termes qui ont le même sens.

Si la Torah a choisi ce mot en particulier, c’est pour nous signifier quelque chose. La racine ekev veut dire ‘talon’, et Rachi explique que le secret de la bénédiction qui ouvre notre paracha se trouve justement dans l’application des mitsvoth que l’on piétine facilement de son talon.

A ce propos, le Roi David, dans le Psaume 49, s’inquiète des fautes qui pourraient lui être reprochées lorsqu’il quittera ce monde. Et il parle des fautes qui «entourent son  talon» (cf. Psaumes 49 ; 6).

Les Tossafistes commentent en expliquant que le Roi David n’avait pas d’inquiétude au sujet des mitsvoth importantes, ou apparemment importantes, qu’il pratiquait évidemment avec beaucoup d’assiduité. Mais les mitsvoth qui semblent moins essentielles étaient l’objet des inquiétudes et des craintes du Roi David.

Le jardin de la vie

Au vue des préoccupations du roi David, on est donc amené à penser que ce sont les petits gestes qui caractérisent les grands hommes.

Dans le Traité des Pères (Pirké Avoth 2 ; 1), il nous est prescrit : Sois vigilant au sujet des mitsvoth qui semblent apparemment anodines autant qu’au sujet des mitsvoth qui semblent fondamentales (eivé zahir bemitsva kala kéba‘hamoura).

Pourquoi ? Parce qu’on ne connaît pas le salaire des mitsvoth.

Dans le même commentaire, les Tossafistes rapportent une métaphore.

Le propriétaire d’un verger demanda à ses jardiniers de tailler les arbres et les plantes, sans indiquer les fleurs et les styles de végétations qu’il préférait et qui étaient chères à ses yeux. Une fois le travail terminé, le salaire attribué fut différent pour les plantes qu’il aimait particulièrement et pour les autres. Il paya un prix fort pour les premières, un prix modique pour les secondes.

Si, depuis le début du travail, il avait dévoilé à ses employés ses préférences, les plantes pour lesquelles ils auraient reçu un bon salaire, personne ne se serait occupé des plantes moins chères à ses yeux, et le verger n’aurait été que très partiellement taillé.

D.ieu agit ainsi avec nous : Il ne révèle pas le salaire des mitsvoth.

Pourtant, Il a précisé la rétribution de quelques mitsvoth, notamment celle de chiloua’h haken: chasser la mère d’oisillons et lui enlever ses petits (cf.Deutéronome 22 ; 6). Le salaire sera la longévité pour celui qui aura accomplit cette mitsva singulière.

Plus étonnant encore, ce salaire sera équivalent au salaire de la mitsva de«kiboud av vaèm», le respect des parents.

Les Sages d’expliquer que nous avons ici deux mitsvoth apparemment opposées. Celle de chasser une maman oiseau, mitsva qui nous semble très peu importante, et d’autre part, une mitsva qui semble fondamentale sur le plan moral, et qui a même préoccupé les Nations du monde. On se souvient de l’exemple prit par le Talmud de ce non-Juif, Dama ben Nétina, qui accomplissait parfaitement ce commandement du respect des parents.

La plus belle surprise

Cette équivalence des salaires pour deux mitsvoth très différentes vient nous montrer que l’apparence des commandements n’a rien à voir avec la réalité de leur récompense.

Pour finir, nous citerons le commentaire de Rabbénou Be’hayé. Ce sage du XIVème siècle revient sur la racine ekev: le talon. Selon lui, la récompense, qui est le thème du début de notre paracha, concerne les mitsvoth pour lesquelles nos talons peuvent nous être utiles.

En effet, ils nous sont donnés comme un moyen pour nous déplacer. Et il faut garder à l’esprit que nous aurons des comptes à rendre sur chacune de nos actions, même sur nos déplacements, lorsqu’on est capable de se déplacer, de courir, il ne faut pas que ce soit, D.ieu préserve, pour faire des mauvaises actions.

Nos talons, comme tous nos membres, nous ont été donnés pour appliquer les mitsvoth, et nous aider dans nos bonnes actions, notamment dans le fait de pouvoir se déplacer.

Se déplacer pour des mitsvoth, se déplacer pour des prières.

Que D.ieu nous aide à ne pas talonner le monde futur, mais à être toujours le premier pour faire les mitsvoth. Qu’elles soient grandes ou petites, le salaire en sera la plus belle surprise…

 

 

 

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