Parachat Choftim – Les pleins pouvoirs

 

 

 

La vie est un long suspens, où chaque étape nous réserve son lot de surprises, bonnes ou moins bonnes. Face à nos appréhensions, nous sommes tentés de chercher des réponses, parfois par l’intermédiaire de médiums ou d’astrologues. Mais ce sont des pratiques prohibées par la Torah. Car Le seul à qui l’on peut accorder sa confiance totale, c’est D.ieu, qui sait tout, et qui prévoit tout.

Dans la sidra de cette semaine, Choftim, la Torah nous met en garde de ne pas apprendre de mauvaises coutumes des Nations du monde. C’est donc à l’occasion de la conquête d’Erets-Israël, au sujet des sept peuples idolâtres qui se trouvent en Terre promise.

Et la Torah nous dit: (…) Qu’on ne trouve personne parmi vous qui pratique la divination par des bâtons, qui devine les temps propices, qui devine par les signes, qui pratique la sorcellerie, qui emploie les incantations, qui consulte les médiums et les oracles ou qui cherche à communiquer avec les morts (…) Reste donc entièrement fidèle à l’Eternel ton D.ieu (tamim tihié im Hachem Eloké’ha)» (Deutéronome 18 ; 10-13).

Bon nombre de commentateurs vont apprendre de ce verset qu’il y a une mitsva positive d’être tamim avec D.ieu, mitsva déjà prescrite à Avraham dans la Genèse (17 ; 1)  éyé tamim : «sois intègre». Il faudra donc avoir totalement confiance en Lui, et ne pas se reporter à d’autres références pour évaluer l’avenir. Il sera donc proscrit de consulter ou de lire l’horoscope, d’aller voir des sorciers, des voyants, des médiums et autres astrologues. Il sera également interdit d’exercer toute pratique occulte (cf. Yoré Déa 179).

Boule de cristal

Curieusement, Maïmonide, auteur du «Livre des commandements» ne compte pas cette loi comme une mitsva positive.

Pourquoi ? L’une des réponses apportées est la suivante. Il ne s’agit pas dans le cas qui nous occupe d’une mitsva mais d’une alliance. En effet, le nom de D.ieu «youd kévav ké» est général. Il est le D.ieu de tout le monde.

Eloké’ha, en revanche, c’est «élokim chel‘ha», ce qui signifie, ton D.ieu. C’est ainsi que le Malbim explique notre verset: tamim tiihié im Hachem Eloké’ha. Si tu es fidèle à D.ieu, si, plutôt que de consulter des horoscopes et trouver ainsi le bon moment pour faire telle ou telle chose selon les prédictions des astres, tu t’en remets uniquement à ta prière à D.ieu, alors Il se comportera avec toi comme Celui qui est ton D.ieu et Il te soutiendra.

Car «ein mazal lé Israël» (Chabbath 156a), les astres ne pourront jamais décider sur l’avenir du peuple juif.

Quelle signification a ce commentaire ?

Outre la providence générale (hachga’ha clalith) qu’Hachem offre au monde, à toutes les Nations et à tous les pays, Il octroiera et dispensera Ses bontés de façon personnelle et particulière (hachga’ha pratite) à celui qui s’en remet totalement à lui. C’est la raison pour laquelle Maïmonide (Rambam) n’a pas mentionné cette mitsva dans son livre de commandement, c’est une alliance, une relation personnelle et intime avec D.ieu. Selon l’opinion singulière de Maïmonide, cette notion de confiance absolue en D.ieu n’est pas une mitsva, au sens juridique du terme.

Mais d’autres décisionnaires de la loi ne partagent pas cet avis, Rabbénou Yona de Gérone, Rav Chlomo Ibn Gabirol Na’hmanide, le Smaq et d’autres, considèrent au contraire que c’est une mitsva, exactement au même titre que toutes les autres, que ce soit le respect de Chabbath ou l’interdiction de tuer (cf. aussi Pessa’him p.113). C’est ainsi que la loi est formulée dans le Choul’han Arou’h (Yoré Déa 179).

Interdit formel

Rabbi Yéhouda Ben Haroch, Sage de Tolède du XIV, assassiné pour la sanctification du Nom (al kiddouch Hachem) pour avoir refusé de se convertir lors des répressions anti-juives de 1391 (prémices de l’Inquisition), faisait déjà la relation entre le manquement à cette mitsva de fidélité envers D.ieu et l’antisémitisme. En effet, les Bné-Israël n’avaient pas respecté ce commandement.

Depuis la mort du prophète Zacharie, le peuple juif n’a plus de prophète, ni le Pectoral (ourim vetoumim), qui permettait d’interroger D.ieu sur le bienfondé d’un départ en guerre ou sur d’autres sujets. Lorsqu’ils étaient en Espagne, les Juifs ont manqué à cette mitsva en plaçant leur confiance en d’autres forces. C’est ce qui, selon Rabbi Yéhouda ben Haroch, et d’autres Sages d’Israël, a valu aux Juifs d’être chassés, convertis par force, et assassinés à l’époque de l’Inquisition (cf. Zih’ron Yehouda Responsa 91).

Si cette faute a provoqué une certaine forme d’exil (galouth), ce sage nous enjoint à travailler sur ce point pour espérer concrètement la Guéoula : être fidèle à D.ieu, être capable de placer toute sa confiance en Celui qui a les pleins pouvoirs, celui qui nous amènera très bientôt la Délivrance, bimhéra béyaménou, Amen. 

 

 

 

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