Où que l’on se trouve et quoique l’on fasse, D.ieu nous a fait une promesse, celle de ne jamais nous abandonner. Pourtant, que souhaitons-nous profondément? Être digne de ce bonheur ou en profiter sans le mériter? A nous de choisir.
A la fin de la paracha d’A’haré moth, on nous parle des pratiques interdites dans le domaine des moeurs (arayoth). On nous énumère tous les cas, et on nous met en garde.
Attention, il ne faut pas commettre ces fautes, sinon, taki haaretzet’hem, littéralement « la terre vous vomira », ce qui signifie concrètement que l’on ne pourra plus rester sur la terre sainte d’Erets-Israël.
Pourquoi ? Nos sages, notamment le Ramban (Na’hmanide), mettent en avant l’importance de la terre d’Israël.
Cette terre promise est le lieu de la présence divine, mais également le lieu de résidence du peuple juif.
Si le peuple juif se comporte comme il se doit et se montre digne de la présence divine (che’hina), elle pourra résider avec eux en Israël. Sinon, le peuple juif sera « expulsé » à l’extérieur des frontières.
Partout dans le monde, dans nos cœurs D.ieu aurait pu décider de faire résider sa Présence sur une autre terre, ou même de choisir un autre peuple pour le servir, si les Juifs s’en montraient incapables. Mais il n’en est pas ainsi.
Selon le principe de Che’hinta begalouta, lorsque le peuple juif est à l’extérieur de la terre d’Israël, c’est la présence de D.ieu elle-même qui va le suivre et le protéger. Ce principe est valable sur le plan collectif.
Mais nous retrouvons aussi cette idée sur le plan individuel au tout début de la paracha: hacho’hen itam beto’h toumotam. D.ieu réside en chaque Juif malgré son impureté (Lévitique 16 ; 16, selon Rachi).
Même lorsque le Juif faute, que ce soit en Israël ou ailleurs, D.ieu l’accompagne, réside en lui. Mais devant cet axiome, se pose une question importante. Si la paracha d’A’haré moth est lue le jour de Yom Kippour, c’est que le Grand Prêtre (le Cohen Gadol) devait, le jour de Yom Kippour, procéder à l’expiation (kapara) des fautes du peuple tout entier.
Il mentionnait les unes après les autres toutes les erreurs commises. Or, le but ultime de l’être juif est de jouir de la présence de D.ieu. Mais si cette présence demeure malgré la faute, quelle est la nécessité de cette expiation ?
Pour répondre à cette question, il faut comprendre que la présence de D.ieu nécessite un lieu qui soit digne du divin, sur la terre ou dans le cœur de chaque juif.
Les égards dus à son rang
Voilà, derrière cette idée, l’enseignement qu’on doit intégrer, même au niveau individuel.
Ce n’est pas parce que la che’hina nous suit et nous accompagne, quel que soit notre comportement, qu’on en est digne. Et n’est-ce pas particulièrement désagréable de recevoir quelqu’un de très important, sans être en mesure de le faire avec les égards dus à son rang ?
Autrement dit, que ce soit dans notre cœur ou sur notre terre, nous devons être capables de confectionner un écrin qui soit à la mesure du diamant qu’est la présence de D.ieu. Et la kapara qui, sur le plan étymologique, vient du mot kippour (assainissement), exige de chacun nous de «dépoussiérer» son moi intérieur, pour chasser ce qui entache et souille la Présence de D.ieu.
Autrement dit, hacho’hen itam beto’h toumotam, c’est une grande promesse que D.ieu nous a faite : Il ne changera pas d’équipe, et gardera toujours le lien avec le peuple juif. S’Il souffre avec patience et supporte l’insupportable, c’est qu’Il sait que l’essence du Juif ne se trouve pas dans la faute.
Il attend donc de notre part d’être capable de reconnaître nos erreurs (techouva) et de se préparer à ce que très bientôt, après avoir vécu avec la présence de D.ieu dans l’exil (che’hinta begalouta), nous puissions jouir de la présence de D.ieu dans son plus bel éclat en terre d’Israël, Amen.