Paracha Behar – Be’houkotai : L’honnêteté, même quand personne ne regarde

Cette semaine, parachat Behar, et à deux reprises la Torah évoque l’interdit de onaa – causer du tort à autrui. Ce tort peut être financier, lorsqu’on fait perdre de l’argent à son prochain (onaat mamon), mais aussi verbal, lorsqu’on le blesse par la parole (onaat devarim).

Nous savons combien une simple parole déplacée peut profondément blesser.

Dans le Talmud, au traité Tamid, page 28, on évoque le chemin droit que l’homme doit suivre. Il y est question de émouna et de héchér. Aujourd’hui, nous allons parler de émet (vérité) et émouna (fidélité). Le verset dans Téhilim dit : « Emet véEmouna, ‘hok vélo ya’avor » – La vérité et la fidélité sont une loi éternelle, immuable. Ce sont des valeurs fondamentales, que l’on doit toujours incarner. Bien sûr, direz-vous, il est interdit de mentir ou de voler. Il faut être honnête et sincère. Mais jusqu’à quel point ? Le Rav de Slonim raconte au sujet de Rav Safra, cité dans le traité Makot, page 24, que c’était un homme qui pratiquait « dover émet bilvavo » – il disait la vérité dans son cœur. Un jour, alors qu’il récitait le Kriyat Shema, un homme s’approcha pour acheter un objet et lui proposa un prix. Rav Safra, en pleine lecture du Shema, ne pouvait pas répondre. Pensant que son silence valait refus, l’homme surenchérit à plusieurs reprises.

Une fois la prière terminée, Rav Safra lui répondit : « Je n’accepterai que le premier prix que tu as proposé, car c’est à ce moment-là que j’avais décidé dans mon cœur d’accepter l’offre. »Il n’avait rien dit, mais dans son cœur, il avait déjà donné son accord. Il a préféré rester fidèle à sa vérité intérieure. C’est cela, être un homme de vérité.


Il y a aussi ceux qui invitent des personnes alors qu’ils savent très bien qu’elles ne pourront pas venir. Ils économisent ainsi, tout en bénéficiant de la gratitude de l’autre. Ce n’est certes pas un mensonge explicite, mais c’est une forme de manipulation, de tromperie subtile.

Nos Sages enseignent qu’il existe sept niveaux de mensonge. Le premier d’entre eux est de profiter de la confiance de l’autre. Cela ne coûte rien, et pourtant, c’est une forme grave de malhonnêteté. Il arrive que l’on se présente comme professionnel sans vraiment l’être, ou comme religieux alors qu’on ne l’est pas sincèrement. Ce sont des attitudes qui trompent notre prochain, même si elles ne causent pas de dommage direct. Or, Hachem voit les cœurs. Il sait exactement ce que nous valons en vérité. Il connaît nos intentions profondes. C’est pourquoi, même lorsqu’on flatte, ou qu’on fait croire quelque chose de faux sans faire de mal matériel, cela nous éloigne de notre Créateur.


Dans notre relation avec les autres, on cherche parfois à biaiser, à utiliser des « passe-droits », pensant y gagner. Mais en vérité, personne ne peut nous enlever ce qui nous est destiné. Par contre, dans notre construction personnelle, dans notre intégrité, toute tromperie nous fait perdre – pas aux yeux des autres, mais aux yeux d’Hachem. Quand je trompe mon prochain à son insu, je me trompe moi-même, et je détériorerai ma relation avec Hachem.

Mais si je suis sincère et honnête, même si cela semble me désavantager dans l’immédiat, je gagne tout : je reste proche d’Hachem, qui est Émet et Émouna.Et même dans le monde des hommes, on pourra véritablement compter sur moi.

Shabbat Shalom.


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